Nos Grands Tilleuls charolais

Cet automne 2023, Je suis très fière d'avoir fait partie d'un Collectif de Charollais qui à permis de sauvegarder la dernière ligne de Tilleuls,  gardiens séculaire de notre ville.

Après avoir bloqué les travaux, eut plusieurs entretiens avec la municipalité est payé à nos frais un nouvel expert, nous sommes heureux de voir leur grandes silhouettes d'ancêtres veillez le quartier tout neuf des Provins.

J'ai participé au mieux à ma façon , lors des pourparlers et en rédigeant cet article à la demande du collectif, publié dans la le journal La Renaissance, le voici :

 

"J'aime vivre dans une ville à taille humaine et sentir autour de moi les éléments : les rivières, la voie verte, le coin secret du pont des planches, les grands tilleuls des Provins :

 

Avec ces arbres, ce sont les saisons qui entrent dans la ville : en été j'ai rendez-vous avec leur parfum, en automne avec leurs couleurs ... aussi avec les Charolais qui se rassemblaient sous leur fraîcheur lors du concours hippique. Il ne reste aujourd'hui plus qu'une seule ligne de ces témoins d'un siècle d'histoire de notre Ville. Pour les 3 autres lignes déjà tombées en silence, il ne saurait y avoir de 'compensation' comme disent les fonctionnaires de l'environnement, car ces grands arbres étaient un patrimoine autant que l'église : Au XVIieme , Sully le surintendant des finances d'Henry IV fit installer des tilleuls dans tous les villages de France pour commémorer la fin des guerres de religion. Sur les places du marché, devant l'église, partout où les activités humaines battent son plein ! Leur lumière et leur médecine nous accompagnent depuis la cour de récréation... Comme ils sont souples, ils se sont acclimaté dans notre monde urbain pour y donner leur souffle : dans leurs branches, on installe des planchers*, des musiciens et nous dansons sous la magie du houppier, dans l'ineffable joie du retour à l'arbre (*les tilleuls à danser).

'Les Tilleuls de Sully' sont toujours là, au centre de très anciens villages ... Blessés, creux, ouverts en deux mais VIVANTS, AVEC NOUS !! Le plus ancien à 550 ans ; lors de sa plantation l'on ne connaissait même pas l'Amérique. Nos tilleuls charollais sont dans la force de l'âge, leurs hauts jets s'élèvent à 25m , mais des coupes rudes les ont fragilisés et leur ombre autrefois bienfaisante est à présent menaçante... On craint la tempête, la sécheresse, le déchaussement des racines.. Autant dire qu'on craint le vent, le soleil et la terre QUI SONT la vie d'un arbre ! ...

Voilà bien le syndrome de notre époque qui fait des précautions un principe, voir un contre-sens. Que la mission de la municipalité soit d'assurer la sécurité des habitants de Charolles nous pouvons bien l'entendre, mais elle doit également prendre en compte leurs souhaits de vivre auprès des grands arbres. Or ce sont les résidents du Rialto eux-même, riverains des travaux, qui ont donné l’alerte quant à leur abattage.

Je pense à une solution qui allégerait la responsabilité de Monsieur le Maire tout en conservant les derniers tilleuls, il y en à sûrement bien d'autres... : A la place du stationnement sous les arbres pourrait être plantée une large haie ; toute éventuelle chute de branches serait alors sans gravité. J'imagine une haie nourricière, pas seulement ornementale, qui évoquerait la cueillette dans le bocage, la conduite des trognes, la récolte de l'osier ..

 Primordiale pour la vie paysanne de jadis, pleine de sens pour les urbains d'aujourd'hui, cette haie à plusieurs niveaux d'arbustes et de plantes locales et complémentaires s'intégrerait parfaitement sous la protection des grands tilleuls et renforcerait leur ligne.

Cette allée, comme un trait-d'union en pleine ville, serait à l'image du phénomène qui se produit spontanément à l'orée d'une forêt où tout est coopération et d'entre-aide.

Mais pouvons-nous enfin faire confiance au Vivant ?! Apeurés, dénaturés, nous semblons incapables d'être une contribution pour notre environnement, inaptes à la créativité et aux remises en question nécessaires aux transformations qui s'amorcent... Derrière l'Arbre, tel est caché le véritable enjeu."